Les Asters américains - Conservatoire botanique national de Bailleul

Plantes exotiques envahissantes du nord-ouest <strong>de</strong> la France<br />

<strong>Les</strong> <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong><br />

Aster lanceolatus Willd.<br />

Aster novi-belgii L.<br />

Aster salignus Willd.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong>, originaires du continent nord-américain, ont été importés et cultivés en Europe au<br />

cours du 19 ème siècle pour l’ornement <strong>de</strong>s parcs et <strong>de</strong>s jardins. Ils s’en sont par la suite échappés pour coloniser<br />

les espaces naturels. <strong>Les</strong> différentes espèces d’<strong>Asters</strong> sont très largement distribuées à l’échelle du territoire<br />

<strong>national</strong>. Dans le nord-ouest <strong>de</strong> la France, seuls Aster lanceolatus, Aster salignus, et peut-être Aster novi-belgii<br />

montrent un caractère invasif. La détermination au sein <strong>de</strong> ce groupe est rendue difficile par <strong>de</strong>s critères discriminants<br />

subtils entre les espèces et l’existence d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> variétés horticoles ainsi que <strong>de</strong> nombreuses<br />

populations d’origine hybridogène.<br />

Répartition dans le nord-ouest <strong>de</strong> la France<br />

<strong>Les</strong> espèces les plus fréquemment naturalisées sont<br />

Aster salignus et A. lanceolatus. Une troisième espèce,<br />

Aster novi-belgii semble plus cantonnée aux abords immédiats<br />

<strong>de</strong>s zones urbanisées.<br />

En Haute-Normandie, les <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong> sont connus<br />

d’une quarantaine <strong>de</strong> communes, essentiellement aux<br />

alentours <strong>de</strong> Rouen et en vallée <strong>de</strong> la Seine.<br />

Dans le Nord-Pas <strong>de</strong> Calais, ils sont présents dans plusieurs<br />

dizaines <strong>de</strong> localités. En Picardie, ces <strong>Asters</strong> sont<br />

surtout connus dans les départements <strong>de</strong> l’Oise et <strong>de</strong><br />

l’Aisne. On les retrouve notamment dans les marais et<br />

les vallées alluviales <strong>de</strong> l’Oise et <strong>de</strong> l’Aisne. Néanmoins,<br />

l’état <strong>de</strong>s connaissances relatif à la répartition <strong>de</strong> ces<br />

taxons reste fragmentaire.<br />

Comment reconnaître les <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong>?<br />

© A. WATTERLOT, CBNBl<br />

<strong>Les</strong> <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong> sont <strong>de</strong>s plantes vivaces hautes <strong>de</strong> 90 à<br />

150 cm qui forment <strong>de</strong>s massifs <strong>de</strong>nses (photo <strong>de</strong> gauche)<br />

grâce à leurs rhizomes. Ils possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s feuilles alternes lancéolées<br />

à linéaires, à limbe faiblement à nettement auriculé,<br />

parfois embrassant la tige selon l’espèce. <strong>Les</strong> capitules sont <strong>de</strong><br />

couleur bleue-violacée, blanche ou violacée et sont <strong>de</strong>nticulés.<br />

Répartition <strong>de</strong>s trois <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong> sans distinction <strong>de</strong> l’espèce<br />

Famille Asteracées<br />

Synonymes Aster lanceolatus :<br />

Aster simplex Willd.<br />

Aster novi-belgii :<br />

Aucun<br />

Aster salignus :<br />

Aster x salignus Willd.<br />

Floraison Juillet-Octobre<br />

© R. FRANCOIS, CBNBl<br />

© T. PREY, CBNBl

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Plantes exotiques envahissantes du nord-ouest <strong>de</strong> la France<br />

Attention, à ne pas confondre avec :<br />

Deux espèces indigènes et rares :<br />

L’Aster maritime (Aster tripolium) : espèce littorale <strong>de</strong>s prés salés à<br />

feuilles charnues.<br />

L’Aster amelle ou Marguerite <strong>de</strong> la Saint Michel (Aster amellus) : espèce<br />

<strong>de</strong>s pelouses calcicoles sèches, à fleurs mauves (photo <strong>de</strong> droite).<br />

Présente uniquement en Picardie et protégé par la loi.<br />

Une espèce naturalisée :<br />

La Vergerette annuelle (Erigeron annuus) qui, contrairement aux <strong>Asters</strong>, présente <strong>de</strong>s fleurs<br />

ligulées disposées sur plusieurs rangs.<br />

Deux autres espèces exotiques envahissantes (confusion possible à l’état végétatif) :<br />

<strong>Les</strong> Solidages <strong>américains</strong> (Solidago cana<strong>de</strong>nsis et Solidago gigantea) qui possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts fortes au<br />

bord du limbe.<br />

<strong>Les</strong> espèces d’<strong>Asters</strong> <strong>américains</strong> sont particulièrement difficiles à distinguer les unes <strong>de</strong>s autres. N’hésitez pas à<br />

nous communiquer vos échantillons récoltés sur le terrain afin <strong>de</strong> vous ai<strong>de</strong>r dans leur i<strong>de</strong>ntification.<br />

Biologie et écologie<br />

<strong>Les</strong> <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong> sont <strong>de</strong>s espèces herbacées vivaces héliophiles à mi-sciaphiles, hygroclines et neutronitrophiles.<br />

En France, on rencontre les <strong>Asters</strong> soit en contexte rudéral sur sols relativement secs (talus, remblais, bords <strong>de</strong><br />

route, …), soit dans les zones humi<strong>de</strong>s (berges <strong>de</strong> cours d’eau, lisières, mégaphorbiaies, prairies fraîches). C’est<br />

dans ces <strong>de</strong>rniers types <strong>de</strong> milieu, à fort enjeu patrimonial, que l’Aster lancéolé provoque les plus gran<strong>de</strong>s nuisances.<br />

Mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> propagation<br />

Ces espèces herbacées ont un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> colonisation très efficace lié à leurs systèmes <strong>de</strong> reproduction très performants<br />

: la reproduction sexuée par fécondation croisée permet la production <strong>de</strong> nombreux akènes surmontés<br />

d’une aigrette qui favorise, par l’intermédiaire du vent, le transport sur <strong>de</strong> longues distances. L’efficacité <strong>de</strong><br />

ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> propagation est à relativiser car le taux <strong>de</strong> germination <strong>de</strong>s graines <strong>de</strong> ces plantes semble peu important.<br />

Par contre, la reproduction asexuée par extension <strong>de</strong>s rhizomes permet aux populations <strong>de</strong> s’étendre<br />

rapi<strong>de</strong>ment et aboutit à la formation <strong>de</strong> colonies <strong>de</strong>nses et étendues.<br />

<strong>Les</strong> <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong> et leurs impacts<br />

Sur l’environnement<br />

<strong>Les</strong> <strong>Asters</strong> vont rapi<strong>de</strong>ment former <strong>de</strong>s peuplements<br />

monospécifiques <strong>de</strong>nses qui vont concurrencer<br />

la flore indigène, déstructurer les communautés<br />

prairiales par <strong>de</strong>nsification <strong>de</strong> la végétation<br />

et donc à terme entraîner localement la disparition<br />

<strong>de</strong> nombreuses espèces et végétations.<br />

Dans le nord-ouest <strong>de</strong> la France, l’Aster lancéolé<br />

colonise par exemple les mégaphorbiaies tourbeuses,<br />

habitat d’intérêt communautaire.<br />

Sur l’économie et les activités humaines<br />

En limitant, voir en empêchant la colonisation <strong>de</strong>s ligneux,<br />

les <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong> peuvent nuire aux activités sylvicoles.<br />

<strong>Les</strong> jeunes plantes seraient consommées par le bétail<br />

mais délaissées à leur sta<strong>de</strong> adulte, entraînant une perte<br />

<strong>de</strong> qualité fourragère <strong>de</strong>s prairies.<br />

Sur la santé humaine<br />

© V. LEVY, CBNBl<br />

La plante ne présente pas <strong>de</strong> risque pour la santé humaine.

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Ce qu’il faut savoir avant toute intervention<br />

Une intervention rapi<strong>de</strong> permet <strong>de</strong> restreindre les moyens mis en place pour contrôler ces espèces : plus un<br />

foyer <strong>de</strong> colonisation est traité rapi<strong>de</strong>ment, moins il faudra mobiliser <strong>de</strong> ressources pour le gérer.<br />

Plan d’action<br />

Métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion<br />

Une fauche réalisée <strong>de</strong>ux fois par an aboutit à une régression <strong>de</strong>s zones colonisées par les <strong>Asters</strong> (alors qu’une<br />

seule fauche ne fait que les stabiliser). Ces fauches sont à pratiquer fin mai pour la première et mi-août<br />

pour la secon<strong>de</strong>, et dans les <strong>de</strong>ux cas avant floraison <strong>de</strong> la plante. A terme, la plante finit ainsi par s’épuiser.<br />

Dans les zones colonisées peu étendues, perturbées et/ou à faible enjeu patrimonial, la couverture du sol<br />

avec du géotextile peut aussi être envisagée.<br />

Ces <strong>de</strong>ux types d’opération sont à réaliser plusieurs années <strong>de</strong> suite afin d’éliminer les massifs d’<strong>Asters</strong> du<br />

milieu et d’épuiser le stock <strong>de</strong> graines contenu dans le sol (la viabilité <strong>de</strong>s graines est estimée à quelques années).<br />

Suivi <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> gestion<br />

Ces métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion seront d’autant plus efficaces à moyen et long terme qu’elles sont accompagnées<br />

<strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> renaturation <strong>de</strong>s sites affectés. Par exemple, le reboisement <strong>de</strong>s ripisylves à l’ai<strong>de</strong> d’essences<br />

locales et adaptées (saules, aulnes, etc.) peut freiner, voire empêcher, le retour <strong>de</strong>s <strong>Asters</strong>.<br />

Maintenir une veille sur les secteurs gérés <strong>de</strong> manière à prévenir d’éventuelles repousses.<br />

Ce qu’il est déconseillé <strong>de</strong> faire<br />

L’arrêté du 12/09/2006 interdit tout traitement chimique à moins <strong>de</strong> 5 mètres minimum <strong>de</strong> tout point d’eau,<br />

cours d’eau, étang, plan d’eau, figurant sur les cartes au 1/25000 ème <strong>de</strong> l’Institut Géographique National. Par<br />

ailleurs, il est important <strong>de</strong> rappeler les nuisances <strong>de</strong> telles substances sur la santé humaine et sur l’environnement.<br />

On trouve encore très fréquemment les <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong>, notamment Aster lanceolatus et<br />

Aster novi-belgii, en vente dans les jardineries et sur internet. En effet, leur commercialisation n’est pas encore<br />

interdite : n’encouragez pas leur dispersion en les achetant et préférez d’autres espèces pour l’ornement<br />

<strong>de</strong> votre jardin !<br />

Plantes exotiques envahissantes du nord-ouest <strong>de</strong> la France

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La lutte contre les plantes exotiques envahissantes gagnera en efficacité en<br />

i<strong>de</strong>ntifiant le plus rapi<strong>de</strong>ment possible les foyers <strong>de</strong> ces plantes dans la région.<br />

N’hésitez donc pas à nous faire part <strong>de</strong> vos observations <strong>de</strong> <strong>Asters</strong> <strong>américains</strong> à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la fiche<br />

«PLANTES EXOTIQUES ENVAHISSANTES fiche d’observation et <strong>de</strong> renseignement» ci-<strong>de</strong>ssous<br />

(en y joignant impérativement une carte <strong>de</strong> localisation) afin <strong>de</strong> nous ai<strong>de</strong>r à compléter nos<br />

connaissances sur sa répartition dans le nord-ouest <strong>de</strong> la France.<br />

Picardie Haute-Normandie Nord-Pas <strong>de</strong> Calais<br />

Vincent LEVY ou<br />

Aymeric WATTERLOT<br />

v.levy@cbnbl.org<br />

<strong>Conservatoire</strong> <strong>botanique</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Bailleul</strong>,<br />

Antenne Picardie ,<br />

13 allée <strong>de</strong> la pépinière, Village Oasis,<br />

80044 Amiens ce<strong>de</strong>x 1<br />

Tel/Fax: 03.22.89.69.78<br />

Julien BUCHET<br />

j.buchet@cbnbl.org<br />

<strong>Conservatoire</strong> <strong>botanique</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Bailleul</strong>,<br />

Antenne Haute Normandie,<br />

Mairie <strong>de</strong> Rouen<br />

Dir. <strong>de</strong>s espaces publics et naturels<br />

Place du Général <strong>de</strong> Gaulle<br />

76037 Rouen Ce<strong>de</strong>x 1<br />

Tel / Fax : 02.35.03.32.79.<br />

Benoît TOUSSAINT<br />

infos@cbnbl.org<br />

<strong>Conservatoire</strong> <strong>botanique</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Bailleul</strong>,<br />

Hameau <strong>de</strong> Haendries<br />

59270 <strong>Bailleul</strong><br />

Tel: 03.28.49.00.83<br />

Fax: 03.28.49.09.27<br />

<strong>Les</strong> actions conduites par le <strong>Conservatoire</strong> <strong>botanique</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> <strong>Bailleul</strong> dans le cadre <strong>de</strong> la mission d'alerte et <strong>de</strong> gestion<br />

<strong>de</strong>s plantes exotiques envahissantes sont cofinancées par l’Europe, l’Europe s’engage en Picardie avec le Fond Européen <strong>de</strong><br />

DÉveloppement Régional, l'Etat, le Conseil régional <strong>de</strong> Picardie, les Conseils généraux <strong>de</strong> l’Aisne et <strong>de</strong> la Somme et sont relayées<br />

localement par les CPIE <strong>de</strong> Picardie.<br />

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